2012 : La curiosité humaine

Curiosity

Par Chloé Durand-Parenti.

C'est dans le sable du site de Rocknest que Curiosity a peut-être mis la main sur un élément intéressant. Rien de sensationnel, pas de martien, pas même l'ombre d'une trace de vie, mais un premier indice dans sa quête de molécules carbonées autres que le CO2 présent sur Mars, qui ne constitue pas, à lui seul, le socle d'une chimie complexe pouvant conduire à l'apparition de la vie. En analysant les dégagements gazeux obtenus en chauffant les échantillons de sol prélevés, l'outil SAM (Sample Analysis at Mars) a détecté du chlorométhane, qui, comme sa formule (CH3Cl) l'indique, contient bien du carbone. "Ces résultats semblent confirmer ce que l'on soupçonnait déjà depuis la mission Phoenix en 2008 (voire depuis Viking en 1976), à savoir la présence de perchlorates qui, en réagissant avec un composé carboné présent dans le sable, ont généré ce chlorométhane en faible quantité", explique Michel Cabane, coresponsable de l'instrument SAM. Reste à identifier le composé carboné en question.

Ces traces sur le sol martien témoignent de prélèvements d'échantillons de sable martien sur le site de Rocknest
Ces traces sur le sol martien témoignent de prélèvements d'échantillons de sable martien sur le site de Rocknest

Pour cela, les équipes de la mission Curiosity disposent d'une réplique des instruments du robot qui doivent leur permettre de tenter de reproduire les réactions chimiques en question sur Terre, afin de démasquer l'inconnue de cette équation. Mais, quelle que soit cette mystérieuse molécule, son origine restera encore à déterminer... Est-elle native de la planète rouge ? A-t-elle été amenée là par Curiosity en dépit des précautions prises pour éviter toute contamination ? Ne provient-elle pas de l'espace par le biais de météorites ? "Car on sait que 50 tonnes de matière organique tombent chaque année sur Mars", souligne Michel Cabane. Et, s'il est finalement établi que cette matière organique est bien d'origine martienne, il faudra encore s'assurer que celle-ci résulte d'un processus biologique et non géologique.

Pas de scoop donc..., mais Curiosity n'a pas fini de nous faire vibrer, car le sable de Rocknest, qui apporte finalement son lot d'enseignements, était loin d'être une cible de choix pour la recherche de molécules organiques. "On pensait se faire la main et finalement on travaille comme des fous", lâche Michel Cabane, enthousiaste. Bientôt le robot explorateur gagnera Glenelg, son premier véritable objectif scientifique, où se rejoignent trois types de terrain différents. Une zone plus propice encore à de nouvelles découvertes. Consulter notre dossier spécial : À la conquête de Mars.

Cette image montre le trajet effectué par Curiosity depuis son arrivée sur Mars, le 6 août dernier :

Curiosity

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